C’est quoi une hypoglycémie ?
D’après le dico, c’est une insuffisance du taux de sucre
dans le sang.
Je ne vais pas contredire le dico, bien entendu puisque
techniquement, c’est effectivement cela. Seulement le dico n’a jamais vécu une
hypoglycémie ou hypo pour faire court.
Ma première hypo, je l’ai redoutée car je ne connaissais
pas. Je ne savais pas comment cela se manifestait, ce que l’on ressentait et
même si à l’hôpital, on m’a clairement expliqué les symptômes et ce qu’il
fallait faire ; on m’a aussi clairement dit que chacun pouvait
différemment et avoir des symptômes particuliers, non répertoriés dans le
manuel.
Ma première hypo, je l’ai faite alors que je passais
quelques jours chez ma mère, au retour de courses après avoir poussé un chariot
pendant 45 minutes.
En ce qui me concerne, je réponds à la plupart des symptômes
mais j’en ai découvert d’autres également.
Déjà, j’ai la vue qui se trouble. Le champ de vision se
rétrécie, tout devient flou puis noir. J’ai chaud, je transpire à grosses
gouttes et pourtant cette sueur reste moite, désagréable. J’ai les mains qui
tremblent, je me sens complètement perdu, déconnecté de la réalité. Mes jambes
aussi tremblent et j’ai un profond malaise qui s’installe. En manque d’énergie,
on se sent vraiment très mal en point, fatigué. Le coeur aussi se met à battre
rapidement et fortement.
Lorsque je sens une hypo, je dois m’asseoir, contrôler la
glycémie et prendre de quoi me ressucrer.
On est en hypoglycémie lorsqu’on passe sous la barre des
0.6g/l. Les médecins préconisent un ressucrage dès qu’on est à 0.7, pas la
peine d’attendre.
Si on est une heure avant le repas, on prend des sucres
rapides uniquement (trois sucres dans un verre d’eau par exemple), pas besoin
de plus. Au delà, il faut prendre des sucres rapides et des sucres lents.
Pour ma part, mon sucre rapide est le coca (rouge), très efficace.
Dès la première gorgée, on se sent mieux. Du coup, on peut profiter du reste de
la canette. En sucre lent, ce sont des petits-beurre.
Au départ, je prenais des canettes de coca de 150ml mais le
médecin trouvait que ce n’était pas assez. Je suis donc passé aux canettes de
33cl... Ordonnance à l’appui !
Il m’est déjà arrivé de ne pas avoir assez d’une canette pour
remonter la pente et de devoir en ouvrir une seconde. Quoi qu’il en soit, à un
moment donné, s’il ne fait rien, le diabétique ne peut plus se ressucrer tout
seul puisqu’il est dans le coma. C’est là que le Glucagen intervient et doit
être administré par une tiers personne. Je fais cependant en sorte de ne jamais
avoir recours à cette seringue...
Pour le moment, je sens les hypo arriver. Je fais très
attention, je me contrôle régulièrement et quand je vais prendre la voiture ou
que je parts faire du vélo ou une marche, je me contrôle aussi, pour prévenir.
Ce que j’ai pu
constater d’effrayant lors d’une hypo...
Déconnecté de la vie, je suis capable de retenir certains
détails anodins, comme le regard inquiet de ma soeur. Je sais aussi exactement
où se trouve mon coca et mes biscuits. Je sais comment ouvrir la canette et
comment la porter aux lèvres. Je dis ça parce qu’en fait j’ai remarqué que je
suis incapable ni de parler ni de marcher. Et pas parce que je n’en ai pas la
force mais tout simplement parce que je ne sais plus comment on fait !
Je ne sais plus que pour marcher il faut poser le pied droit
et ensuite le gauche et ainsi de suite.
Je ne connais plus les mots. Si on me parle, j’entends des
sons mais il m’est impossible de comprendre ce qu’on me dit.
Tout ceci reste assez effrayant en fin de compte. Mais ce
que je redoute le plus, c’est hypo nocturne. Je n’en ai encore jamais fait vu
que mes glycémies ont tendance à grimper durant la nuit. Et là encore, je m’arrange
pour ne pas en faire. Sans me charger comme une mule car ça me crée des
insomnies, je vais dormir avec quelques réserves.
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