lundi 16 mai 2016

Hypersensibilité + Diabète + Metal Gear Solid V = ?



C’est connu, le diabète fait un peu n’importe quoi parfois, même si on lui met des barrières, il abat régulièrement la clôture pour voir ce qui se passe chez le voisin tel un enfant turbulent difficile à discipliner et à comprendre parfois.

Il arrive donc des choses incompréhensibles comme une heure de marche qui ne vous fait rien alors qu’une demi-heure dans un grand magasin va vous mettre en hypo.

Et il m’est arrivé un de ces épisodes loufoques qui prête à rire quand j’y repense. Depuis que mon diabète est déclaré, j’ai développé une hyper-sensibilité. J’étais déjà sensible à tout ce qui m’entourait mais désormais, ça prend des proportions énormes, aussi bien dans les meilleurs cas que dans les mauvais.
Je ne ressens plus les choses, je les vis… quand elles sont bien faites.

C’est comme ça qu’en découvrant l’un des jeux les plus attendus de l’année précédente, Metal Gear Solid V, The Phantom Pain, j’ai découvert à quel point on pouvait se prendre au jeu et être plongé en total immersion.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas, il s’agit d’un jeu vidéo où il faut s’infiltrer dans des endroits pour sauver un type ou casser un truc, repérer les méchants, les éliminer ou les passer sans se faire repérer en se cachant où l’on peut. Tous les moyens sont bons pour provoquer une vraie suée tellement c’est intense et immersif.

Et quand on est diabétique, il arrive que ce stress infligé, cette concentration de tous les instants et ce côté jouissif que procure l’expérience brûlent notre énergie plus vite qu’une marche d’une heure !

Résultat, alors que je vise avec mon fusil sniper pour régler son compte à un méchant, j’ai la vue qui se trouble, le champ de vision qui se rétrécit et les mains qui commencent à trembler alors que je me sens de plus en plus mal…

Pause coca… ça laisse un petit répit à notre bad guy qui mérite sa balle dans la tête…

On ne le dira jamais assez : la vie d’un diabétique est tout de même difficile !


mardi 10 mai 2016

L'hypoglycémie



C’est quoi une hypoglycémie ?

D’après le dico, c’est une insuffisance du taux de sucre dans le sang.
Je ne vais pas contredire le dico, bien entendu puisque techniquement, c’est effectivement cela. Seulement le dico n’a jamais vécu une hypoglycémie ou hypo pour faire court.

Ma première hypo, je l’ai redoutée car je ne connaissais pas. Je ne savais pas comment cela se manifestait, ce que l’on ressentait et même si à l’hôpital, on m’a clairement expliqué les symptômes et ce qu’il fallait faire ; on m’a aussi clairement dit que chacun pouvait différemment et avoir des symptômes particuliers, non répertoriés dans le manuel.

Ma première hypo, je l’ai faite alors que je passais quelques jours chez ma mère, au retour de courses après avoir poussé un chariot pendant 45 minutes.

En ce qui me concerne, je réponds à la plupart des symptômes mais j’en ai découvert d’autres également.
Déjà, j’ai la vue qui se trouble. Le champ de vision se rétrécie, tout devient flou puis noir. J’ai chaud, je transpire à grosses gouttes et pourtant cette sueur reste moite, désagréable. J’ai les mains qui tremblent, je me sens complètement perdu, déconnecté de la réalité. Mes jambes aussi tremblent et j’ai un profond malaise qui s’installe. En manque d’énergie, on se sent vraiment très mal en point, fatigué. Le coeur aussi se met à battre rapidement et fortement.

Lorsque je sens une hypo, je dois m’asseoir, contrôler la glycémie et prendre de quoi me ressucrer.

On est en hypoglycémie lorsqu’on passe sous la barre des 0.6g/l. Les médecins préconisent un ressucrage dès qu’on est à 0.7, pas la peine d’attendre.
Si on est une heure avant le repas, on prend des sucres rapides uniquement (trois sucres dans un verre d’eau par exemple), pas besoin de plus. Au delà, il faut prendre des sucres rapides et des sucres lents.

Pour ma part, mon sucre rapide est le coca (rouge), très efficace. Dès la première gorgée, on se sent mieux. Du coup, on peut profiter du reste de la canette. En sucre lent, ce sont des petits-beurre.
Au départ, je prenais des canettes de coca de 150ml mais le médecin trouvait que ce n’était pas assez. Je suis donc passé aux canettes de 33cl... Ordonnance à l’appui !

Il m’est déjà arrivé de ne pas avoir assez d’une canette pour remonter la pente et de devoir en ouvrir une seconde. Quoi qu’il en soit, à un moment donné, s’il ne fait rien, le diabétique ne peut plus se ressucrer tout seul puisqu’il est dans le coma. C’est là que le Glucagen intervient et doit être administré par une tiers personne. Je fais cependant en sorte de ne jamais avoir recours à cette seringue...


Pour le moment, je sens les hypo arriver. Je fais très attention, je me contrôle régulièrement et quand je vais prendre la voiture ou que je parts faire du vélo ou une marche, je me contrôle aussi, pour prévenir.

Ce que j’ai pu constater d’effrayant lors d’une hypo...

Déconnecté de la vie, je suis capable de retenir certains détails anodins, comme le regard inquiet de ma soeur. Je sais aussi exactement où se trouve mon coca et mes biscuits. Je sais comment ouvrir la canette et comment la porter aux lèvres. Je dis ça parce qu’en fait j’ai remarqué que je suis incapable ni de parler ni de marcher. Et pas parce que je n’en ai pas la force mais tout simplement parce que je ne sais plus comment on fait !
Je ne sais plus que pour marcher il faut poser le pied droit et ensuite le gauche et ainsi de suite.
Je ne connais plus les mots. Si on me parle, j’entends des sons mais il m’est impossible de comprendre ce qu’on me dit.

Tout ceci reste assez effrayant en fin de compte. Mais ce que je redoute le plus, c’est hypo nocturne. Je n’en ai encore jamais fait vu que mes glycémies ont tendance à grimper durant la nuit. Et là encore, je m’arrange pour ne pas en faire. Sans me charger comme une mule car ça me crée des insomnies, je vais dormir avec quelques réserves.