jeudi 3 mars 2016

L'insulinothérapie Fonctionnelle... principe



Au début, un diabétique type 1 doit adapter son repas à ses doses d’insuline. Avec l’insulinothérapie, il adapte ses doses d’insuline à son repas.

L’insulinothérapie fonctionnelle n’est proposée qu’aux personnes atteintes d’un diabète de type 1. Il y a énormément à dire là-dessus. C’est pourquoi je vais diviser cet article en deux parties. Dans la première, une présentation succincte de l’insulinothérapie. La seconde accordera plus de place à l’aspect technique, le calcul des glucides, les ratios, etc… Ne vous étonnez donc pas si vous ne comprenez pas tout du premier coup.

L’insulinothérapie fonctionnelle, ou IF, ou ITF, consiste à rendre la vie un peu plus « cool », du moins en ce qui concerne les repas.
À ma première sortie de l’hôpital, je suis rentré chez moi avec des doses d’insuline bien établies : 10 unités le matin, et 8 à midi et le soir. Je devais également prendre ma glycémie avant les repas et 2h30 après. Surveillance constante.
Je devais également respecter une alimentation que je ne qualifie pas de stricte mais de relativement « fermée ». Il me fallait maximum 100gr de pain au petit déjeuner ; le midi, viande ou poisson, un laitage, 150gr de féculents, 150gr de légumes verts, du pain… Comme on dit, avec ça, j’avais les dents du fond qui baignaient. En plus, mes résultats ne me satisfaisaient pas du tout, très souvent au dessus de l’objectif ! J’ai donc pris sur moi de baisser les différentes quantités, voir carrément de supprimer certains aliments comme le pain à midi et le soir. Grand bien m’en a fait ! J’ai tout de même expliqué ces changements aux médecins qui ont appuyé mes décisions, voyant que les résultats étaient plus que convenables.

À ma toute première visite avec un diabéto après ma sortie de l’hôpital, non seulement on m’a confirmé que je dépendais d’un diabète de type 1 mais on m’a conseillé d’attendre un peu pour faire cette insulinothérapie. Je devais me familiariser avec ma nouvelle vie…
Franchement, je n’avais pas envie d’attendre. On arrivait aux portes de l’été, saison des salades et autres crudités et il m’arrive très souvent durant cette période de ne pas manger de féculents. Je sais, on peut faire des salades de pommes de terre, de pâtes ou de riz mais dois-je justifier ma soif de savoir ?

Je me suis inscrit pour la session qui avait lieu trois mois après. Ça tombait pile au moment où je devais faire ma première hémoglobine glyquée. Timing parfait.

Pour cette formation, il faut se faire hospitaliser pour cinq jours, du lundi au vendredi. Trois jours avant mon entrée dans le service, il fallait que je note tous mes repas, avec les quantités précises d’aliments (boissons comprises), mes glycémies avant et après repas, mes activités physiques et tout phénomène anormal. C’est avec ces indications que les médecins vérifiaient le protocole de soin préétabli à ma première hospitalisation, surtout que je n’étais pas censé intégrer l’insulinothérapie aussi rapidement. Cela leur permet également de calculer le ratio dont va dépendre le futur calcul des doses d'insuline.

Premier jour.
Jeûne glucidique à partir de midi, jusqu'au lendemain matin. C’est simple, on ne mange aucun glucide et on ne prend donc pas d’insuline rapide avant les repas. C’est pour regarder si l’insuline lente, la Lantus, fait bien son travail. J’avais déjà fait remarquer à mes médecins que mes taux étaient relativement bas entre midi et 19h le soir. Ce jeûne allait confirmer s’il fallait changer de Lantus ou non.
En ce qui me concerne, le plus gênant dans ce jeûne, c’est de prendre un petit-déjeuner au thé et à la tranche de jambon. Cela reste un traumatisme pour quelqu’un qui considère le petit dej’ comme le repas le plus important de la journée.

Deuxième et troisième jour.
À partir de midi, on reprend les bonnes vieilles habitudes. Repas du diabétique calibré par l'hôpital et doses d’insuline rapide. Durant deux jours, à chaque repas, on nous demande de commencer à calculer les glucides pour adapter nos doses d’insuline grâce à un carnet et un tableau. C’est relativement simple lorsque les plats sont simples. Le but est de parvenir à une certaine autonomie afin de pouvoir manger tout ce que l’on souhaite, sans restriction.
Entre temps, j’ai changé de Lantus. D’abord sous Solostar, je passe à Levemir. La différence ? La durée d’action. Solostar agit durant 24h. Levemir, 12. Cela me permet de ne plus être aussi bas entre midi et 19h et ça semble fonctionner.
Les après midi sont réservés à divers ateliers qui nous apprennent à reconnaître les aliments glucidiques ou pas, au fonctionnement de l’insuline, avec un rappel de ce qu’il faut faire en cas d’hypoglycémie et d’hyperglycémie.
Bien entendu, on calcule, on calcule, on calcule... À travers des exemples concrets, on calcule le nombre de glucides dans les repas, en dehors de ceux que l'on nous fournit.

Quatrième jour.
Le matin est consacré à la gym, à un repas steack-frites-mayo à midi et une hypo l’après midi. C’est le jour qui change tout en quelque sorte. Je ne suis pas un sportif ou du moins ne le suis plus vraiment ; on nous montre que l’on peut effectivement manger de tout ; et je rate une épreuve qui était censée m’apprendre la réaction d’une seule unité d’insuline sur mes glycémies. Mais pour cela, il fallait que je sois en hyper et non en hypo. Ai-je dis que j’étais quelqu’un qui ne faisait jamais rien comme les autres ?
Cela m’apprend deux choses : 
       1-      Mon organisme réagit à retardement par rapport aux exercices physiques que je fais. 
       2-      Mon resucrage n’est pas suffisant. Ordre du médecin : passer de la canette de 150ml de Coca à celle de 33cl ! Ordre accepté et enregistré.

Le diabète étant une surveillance constante, les ratios établis sont amenés à être modifiés régulièrement. Ce que je dois faire durant les prochains jours afin de trouver les ratios les mieux adaptés.

Cinquième jour.
Le dernier jour est réservé à un petit résumé de tout ce que l’on a appris durant notre séjour, nos impressions et ce que l’on pense de ce programme. On en profite également pour faire une blague aux équipes médicales puisque tout l'étage a décidé de faire péter les scores de glycémie. Pas un d'entre nous n'est en-dessous de 2 !
En ce qui me concerne, c’est une autre libération. Je ne suis plus obligé de respecter un repas féculents-légumes-viandes. Je peux prendre une part de gâteau en dessert ou une glace, sans pour autant faire exploser notre taux glycémique.
Je peux même me permettre une collation en milieu d’après midi si je le veux !

Attention cependant : plus de liberté, cela veut dire que l’on peut aussi manger n’importe quoi tout en gardant des taux corrects. Mais il est primordial de garder une alimentation équilibrée. Si vous mangez fast food tous les jours, ou passez votre temps à grignoter en balançant l’insuline à tour de bras (oh le jeu de mots, je m’épate moi-même !) vos taux seront normaux durant un certain temps. Cela ne vous empêchera pas d’accumuler tout un tas de saloperies qui vont vous faire prendre du poids. À terme, ce sera des doses d’insuline à revoir car celle-ci sont établies notamment en fonction du poids du patient.
L’intérêt de l’insulinothérapie, à mon sens, réside aussi dans le fait inverse : la possibilité de prendre des repas sans aucun glucide. Ce que je me permet de faire de temps en temps si je sais que mon activité physique va être réduite.

Je ne le répète peut-être jamais assez mais tout ce que je dis là me concerne personnellement. Certaines personnes ne réagissent pas comme je l’ai fait. Mes médecins me l’ont encore dit lorsqu’ils m’ont demandé ce que je pensais de ce programme. Je leur avais répondu que dès ma première hospitalisation, j’aurai été prêt à intégrer la formation. Ils m'ont répondu : "Oui, mais peu de gens réagissent aussi bien que vous. Certains ont besoin de plus de temps pour intégrer tout ce qui leur arrive".
D’ailleurs, les personnes qui ont faites l'IF en même temps que moi ont été étonnées d’apprendre que mon diabète ne datait que depuis trois mois. Eux, ça faisait entre 5 et 10 ans qu’il traînait le boulet. Preuve s’il en est qu’avec le temps, la maladie évolue et qu’il est bon de revenir sur les fondamentaux de temps à autres.

Il est impératif d’apprendre à se connaître afin d’utiliser au mieux cette formation. Il faut faire avec les diverses complications qui s’ajoutent au diabète. Forcément, s’il y a un régime particulier à cause du cholestérol ou de tout autre problème, cela annihile l’argument qu’avec l’insulinothérapie, on peut manger tout ce que l’on veut.

Il n’empêche que mon premier jour post-IF a été consacré à engloutir une Coupe America dans un restaurant avec tout ce qui devrait faire fuir un diabétique : glace, noix de pécan, chantilly, caramel, sucre, sucre et sucre…
Je me souviens encore de la réaction de la serveuse : « Ah mais si vous êtes diabétique, la Coupe America, ce n’est pas pour vous ! »
Oui, diabétique type 1 et insulinothérapiquement accompli, je peux désormais rire de ces préjugés.

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