vendredi 4 mars 2016

La pratique de l'ITF



L’insulinothérapie fonctionnelle permet donc aux diabétiques de type 1 d’adapter leurs doses d’insuline rapide en fonction de ce qu’ils vont manger.
Sur le papier, c’est clair, net et précis. Dans la pratique au quotidien, c’est moins évident. Il faut tout d’abord « tester », observer, analyser et prendre des décisions car toute la formation n’est pas à prendre au pied de la lettre.

En théorie…
C’est relativement simple. Un premier ratio est calculé en fonction du poids du patient et de tout un tas d’autres données qui comprennent les habitudes alimentaires notamment. Ce calcul est fait à partir d’un « régime alimentaire diabétique », c’est-à-dire sans excès (pas de gâteaux, pas de glaces, pas de boissons sucrées ou énergisantes, etc…). Ce ratio est déterminé par l’équipe médicale et c’est à vous, par la suite, de l’ajuster au besoin, en fonction des taux de glycémie relevés.
Un second ratio permet de répondre à la question suivante : une seule unité d’insuline rapide me permet de baisser ma glycémie de combien ?
Il faut ensuite prendre en compte le temps d’action de l’insuline rapide qui varie en fonction des personnes. Cela aussi est testé lors de l’IF. Pour moi, elle agit durant 2h30, avec un pic d’activité à 2h. En quoi est-ce important de savoir cela ? Cela signifie tout simplement que je dois espacer mes repas d’au moins 2h30 si je ne veux pas avoir deux injections d’insuline rapide qui se chevauchent et ainsi risquer une hypoglycémie.

Dans mon cas, mes ratios sont les suivants : 1.7 au petit-déjeuner, 1.1 au déjeuner, 1.1 au dîner ; une unité d’insuline rapide me fait baisser ma glycémie de 0.5gr ; temps d’action de l’insuline : 2h30.
Lorsque l’on rentre en IF, on vous remet deux outils qui permettent de calculer les doses d’insuline à injecter avant chaque repas, en fonction de votre ratio, de la quantité de glucides compris dans l’assiette et de votre glycémie.

La réglette :
Deux faces. La face rose, c’est pour calculer les doses en fonction du repas.

 

La bleue, pour calculer les doses de rattrapage si on est en dehors des objectifs. Bien évidemment, si on est sous les objectifs minimaux, on ne fait aucun rattrapage.

Le carnet :
Dedans sont recensés les principaux aliments, classés par catégorie, avec leur taux glucidique en fonction des portions.
Il y a douze catégories :
1-      pains et viennoiseries 
2-      féculents et légumes secs 
3-      légumes 
4-      fruits frais et secs 
5-      produits laitiers 
6-      plats cuisinés 
7-      desserts 
8-      produits sucrés et confiseries 
9-      produits apéritifs 
10-  boissons 
11-  restauration rapide 
12-  sauces


 
La photo n’est pas là pour vous apprendre ce qu’est un morceau de pain mais plutôt pour vous montrer ce que ça peut représenter dans votre assiette. Ça donne un ordre d’idée pour le cas où on n’aurait pas une balance sous la main.


Dans le coin supérieur droit, on trouve la teneur glucidique de l’aliment. Et sous la photo, le poids correspondant à cette teneur. Pour le pain par exemple, il faut compter 15gr de glucides pour 30gr de pain. Pour les pommes de terre vapeur, c’est 30gr de glucides pour 150gr de pomme de terre.
Le poids indiqué est toujours celui d’un aliment cuit.


Notez par exemple que les frites maison sont à 45gr de glucides pour 150gr. Si vous prenez des frites en restauration rapide, la grande portion de frites est à 60gr pour 160gr ! Pas tout à fait le même rapport. Donc renseignez-vous bien pour éviter de vous injecter plus d’insuline qu’il ne vous en faut.

Une fois la correspondance établie, il suffit de faire un produit en croix et quelques additions afin de déterminer la quantité de glucides présente dans votre assiette.

Prenons un exemple. Un repas simple au midi.
Entrée : une salade.
Plats de résistance : poisson et 200gr de riz au ketchup (20gr).
Une tranche de pain de 50gr.
Une part de fromage.
Dessert : une banane (200gr).

Dans la salade, il n’y a pas de glucides, pas même dans la vinaigrette.
Le poisson et les viandes ne contiennent pas de glucides et si en général mon poisson est à la sauce provençale, à l’oseille ou simplement au citron, ici j’ai rajouté du ketchup parce que le riz sec, c’est dégueulasse et que ça multiplie les risques d’étouffement. Même s’il n’y a aucune mort digne, autant éviter de claquer la gueule dans son assiette de riz !
Il va donc falloir prendre en compte le riz et le ketchup.
Le fromage n’a pas de glucides. Le pain par contre en a. Le plus souvent, quel que soit le pain, il faut diviser son poids par deux.
La banane est mortelle en terme glucidique.

Voyons par rapport au carnet…
Le riz : 40gr de glucides pour 150gr de riz.
Le ketchup : 2gr pour 8gr.
Le pain : 15gr pour 30gr.
La banane : 30gr pour 200gr.

Le calcul…
Sans être un surdoué en maths, il faut tout de même assimiler le principe de calcul. L’exemple du riz : on multiplie la teneur glucidique par la quantité dans l’assiette et on divise par la quantité indiquée sur le carnet. En clair, ça donne : (40 X 200) / 150 = 53.3333333333333333333333333333
Nous ne sommes pas à un gramme de glucides près. On va donc arrondir à 53.
Par le même calcul, on obtient :
Le ketchup : 5 ; le pain : 25 ; la banane : 30.
Total > 53 + 5 + 25 + 30 = 113.
113 grammes de glucides dans l’assiette et pour simplifier le tout et éviter de s’étouffer, on va tourner à l’eau, qui bien entendu, n’apporte rien en termes de glucides.

Avec mon ratio de midi qui est de 1.1, je peux regarder sur la réglette, le côté rose. En haut, le ratio, à gauche sur le sélecteur coulissant, on cherche la valeur qui se rapproche le plus près des 113 calculés précédemment (ici, on prendra 110), et on obtient le chiffre 12, le nombre d’unités d’insuline que l’on doit s’injecter pour manger tranquillement et avoir un taux correct en post-prandial.



Relativement simple, n’est-ce pas ?
À ce chiffre, il faut ajouter un rattrapage si besoin mais en surhomme que je suis, ce jour-là, ma glycémie à jeun était de 0.96, donc pas besoin d’appliquer de rattrapage.
Mais admettons que ma glycémie était de 1.44 et que mon ratio soit de 0.5. On prend alors le côté bleu, on fait glisser le sélecteur sur la colonne 50 (parce les données sont en mg et non en gr sur la réglette). Avec un taux à 1.44, il faut ajouter 1 dose d’insuline pour rattraper le taux. Du coup, on s’injectera 13 unités au lieu de 12. Si mon taux avait été de 1.92, il aurait fallu ajouter 2 unités d’insuline.

Rien de bien compliqué. Ces chiffres sont donnés par un carnet et un tableau, on ne joue pas à la roulette.

Ça, c’était la théorie. Parce qu’en pratique, bien entendu, c’est un peu différent, voire une véritable galère parfois. Imaginez que vous êtes invité chez quelqu’un qui prépare un pâté de pomme de terre pour 12 personnes ! Il faudrait connaître le poids des pommes de terre, le poids de la pâte et sa teneur en glucide si elle est achetée tout prêt ou calculer chaque ingrédient utilisé par votre hôtesse, etc… La farine, en plus, n’est pas indiquée sur le carnet (à tire d’infos, elle contient 70gr de glucides pour 100gr, en général). Imaginez qu’en dessert, cette même personne ait eu l’idée de faire une salade de fruits avec un gâteau au yaourt et pépites de chocolat. Ça peut vite devenir une galère sans nom à moins que vous ne changiez d’amis car pour être le plus juste possible et éviter les déconvenues, il faut tout peser, tout savoir.

Pour ma part, en ce qui me concerne personnellement de façon personnelle et intime, mon ratio de midi était de 1.6 au début. Seulement si je ne faisais pas d’hypo, je n’en étais jamais très loin. Il a donc fallu que je revoie mon ratio à la baisse. J’ai donc diminué ce ratio régulièrement pendant 15 jours avant de trouver un idéal, soit un ratio de 1.1.

J’ai également constaté qu’en faisant des salades composées (pomme de terre, salade, haricots verts, choux fleur, maïs, betterave), je tombais souvent en hypoglycémie après. En effet, je pesais et comptais chaque aliment qui composait ma salade. Car même dans les haricots verts, on trouve des glucides. Le maïs est une céréale chargée également. Mais j’ai fini par ne compter que les féculents, genre pomme de terre, en sortant également les légumineux du calcul, pour éviter les hypos. Et mes taux étaient tout de même dans les objectifs.

Donc, il faut quand même faire attention, regarder ce qu’il faut réellement compter ou pas et ce en fonction de qui nous sommes, de la façon dont notre organisme se comporte. Et surtout, il faut faire attention aux taux qui sont indiqués sur les différents emballages de produits. Il vaut mieux suivre les indications présentes dans le carnet que l’on nous remet.
Pour exemple, les pâtes complètes sont indiquées à 25gr de glucides pour 150 gr de pâtes cuites dans le carnet. Sur une marque que j’ai trouvée, elles sont indiquées à 75gr pour 100gr ! Et pesées crues qui plus est ! Autant dire que si vous suivez ces valeurs, ce n’est pas une hypo que vous risquez mais le coma direct !

L’insulinothérapie fonctionnelle apporte une réelle liberté à condition que l’on ne fasse pas d’excès à côté. Ce n’est pas parce qu’on peut tout manger qu’il faut le faire.
Personnellement, j’évite les apéritifs par exemple. Il est assez déconseillé de boire de l’alcool sans rien manger parce que ça peut foirer les relevés de glycémie. Donc si je prends un apéritif, je dois manger les cochonneries qui vont avec, donc peser les cacahuètes, les pistaches, les crackers, les toasts et faire une injection d’insuline qui reportera mon repas de 2h30 ! Pour éviter les complications, j’évite tout ça, sauf si je suis certain qu’il y aura bien 2h30 entre l’apéritif et le repas.

Cet article est là pour vous présenter l'IF, pas pour que vous testiez vous-même le principe de calcul. Il y a une étape primordiale avant d'en arriver là : le calcul des différents ratios et la durée d'action de l'insuline sur l'organisme. Ceci se fait en milieu contrôlé, lors d'une hospitalisation. Seule l'équipe médicale est capable de vous donner ces ratios.

1 commentaire:

  1. Bonjour, où trouver se livret?
    On est encore à l'hôpital pour l'insulinothérapie fonctionnelle.
    Merci

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